• La nuit, je me promenais généralement dans les jardins du château. J'en était la responsable en cheffe, et c'était moi qui décidais de plate telle ou telle fleur, telle ou telle plante... La nuit, ce jardin était encore plus beau que le jour : la lune éclairait légèrement les milles couleurs froides des fleurs... Je m'assit sur un banc pour mieux humer l'air parfumée. Soudain, j'entendit un craquement. Tout petit, une dalle frottant contre une autre, mais je l'entendis. Je n'était plus seule dans le jardin. A cette heure ci, d'habitude, tout le monde dormais, ou était encore au banquet. Je me levai et me dirigeai vers le centre du jardin, ou s'élevait une cerisier en fleur. Les pas se firent plus discret, mais me suivirent. Ils appartenaient à quelqu’un de jeune, souple comme une panthère. Je ne craignais rien : qui pourrais bien me faire de mal ? Et puis, la personne était seule. Si elle m'attaque, je n'aurais aucun mal à la maîtriser. En passant sous le cerisier, je me retournait discrètement. C'était Arthur. Et il avait vu que je l'avais vu. Nous nous figeâmes, et je sentit une chaleur inhabituelle grandir en moi. Je souris. La dernière fois que j'avais ressentit cette chaleur, c'était avec Lucius. 

    - Princesse Guenièvre, fit Arthur.

    - Votre Majesté, le saluais-je à mon tour. Le banquet vous a plu ?

    Nous parlions bas, comme si nous avions peur que quelqu'un passe pour voir ce qui se passais.

    - Le banquet oui, mais plus encore les gens qui y étaient... me répondit-il avec un chaud sourire.

    Je fis mine de ne pas avoir compris :

    - En effet, vos chevaliers sont une agréable compagnie...

    Je m'assit sur un banc sous le cerisier. Arthur se rapprocha et s'appuya sur une branche, faisant tomber quelques fleurs.

    - Oui, c'est vrai... Mais je ne parlais pas d'eux.

    Je repoussai mes cheveux en arrière.

    - De mon père, alors ? Ou de ma sœur ?

    - Non plus... murmura Arthur en se rapprochant encore plus.

    Je pouvais sentir son souffle sur mon visage. Ils avait de beaux yeux. Marrons-vert, ils semblaient rougeoyer comme des braises. Il se pencha doucement pour m'embrasser... mais je le repoussai doucement.

    - Arthur, fis-je en un murmure, vous ne savez pas qui je suis...

    - Si, répondis le roi, une déesse...

    Je lui prit les mains et le fit doucement asseoir à coté de moi.

    - Non, je ne suis pas une déesse...

    - J'ai vu la lance vous transpercer de part en part, répondit mon chevalier. Mais vous l'avez enlevé. Et vous êtes vivante. Qui êtes-vous si vous n'êtes pas une déesse ?

    Je détournai le regard.

    - J'ai été humaine... Mais les dieux en ont décider autrement. Je suis leur instrument sur Terre. Je suis Immortelle.

    Il se dégagea, et, d'un main, me caressa la joue.

    - Je n'en ai que faire... fit-il. Guenièvre, quand je vous ai aperçu sur le champs de bataille... J'ai vu une auréole de gloire autour de vous. Et, plus tard, dans les bains... Vous étiez si belle... Je crois que je vous aime, Guenièvre.

    Je relevai la tête.

    - Épousez-moi... souffla le roi. 

    Mon cœur se gonfla d'amour et de chaleur.

    - Arthur, fis-je... Il faut que vous sachiez. Je suis Immortelle. Et... J'ai déjà été mariée. J'ai déjà eu des enfants avec un autre homme, qui est mort depuis bien longtemps. J'ai eu d'autres liaisons au cour de l'histoire. Si je vous épouse, vous devez savoir que vous ne serez pas mon premier mari, et peu être pas mon dernier. Car viendra un temps, et je le souhaite lointain, où vous aller mourir. Et là, bien sur, je serais triste... Mais je vais rencontrer d'autres hommes, qui m'aimerons et que j'aimerais. Vous devez savoir ça.

    Dans les yeux de braise du souverain brillait toujours le même amour.

    - Je sais, a présent, dit-il. Mais je ne changerais d'avis pour rien au monde. Guenièvre, je vous en supplie, épousez-moi.

    Je le regardai. Il était si jeune, si beau... Un petit vent se leva, faisant bruisser les branches du cerisier et tomber plusieurs fleurs qui volaient autour de nous. La lune semblait nous contempler, et nous donner sa bénédiction.

    - Oui.

    Arthur se pencha sur moi et m'embrassa.

    Nous restâmes toutes la nuit sur ce banc, à parler de nous. J'ai appris qu'Arthur avait été élevé à Rome, aussi je pris des nouvelles de ma chère ville. A un moment, Arthur s'endormit sur mes genoux. Je caressais lentement ses cheveux mi-longs un peu ondulés. Il était jeune. Son visage était doux et paisible. Il était de ces hommes qui garderaient toujours un visage avec des marques enfantines, mais qui seraient beaux quand même.  Le matin, quand il se réveilla dans mes bras, il me sourit. Il passa à sa chambre pour se changer, et nous allâmes ensemble à la salle de banquet ou se tenait le petit déjeuner. Nous rentrâmes ensemble, et nous nous séparâmes pour rejoindre nos places respectives. Keu, Perceval, Bohort et Caradoc levèrent leur verre à notre arrivée; Vu leur t^te, ils n'étaient pas partis de cette salles. Arthur du se faire le même constat, car il retroussa les narines en les voyant avec leurs vêtements de la veille... Avant de s’asseoir et de boire avec eux. Enfin, Léodagan arriva, accompagné de Melissande et de tous leurs enfants. Ils s'assirent, et Léodagan s'adressa à Arthur :

    - Avez-vous passer un agréable banquet hier, seigneur ? Je suis navré de ne pas avoir pu rester jusqu’à la fin, mais je n'ai plus vingt ans, moi !

    Arthur sourit, et répondit :

    - Sir, ce banquet était l'un des meilleurs de ma vie. Je vous remercie de votre hospitalité.

    Il me jeta un regard hésitant, auquel je répondis pas un signe de tête. Il se leva.

    - Et, Sir, j'aimerais vous demander une faveur.

    Léodagan fronça les sourcils.

    - Laquelle ? demanda-t-il.

    - Sir, fit Arthur dont la voix prit de l'ampleur, hier j'ai rencontré toute votre famille... Et j'ai été ému par une de vos filles... C'est pourquoi j'aimerai vous demandez sa main.

    Fier comme un paon, Léodagan jeta un regard à Isolde, qui rayonnait.

    - Bien sur, je vous l'accorde directement.

    - Sir, lui glissais-je, vous risquez de vous trompez...

    Il me jeta un regard étonné, puis se retourna vers le jeune roi.

    - Et, dîtes-moi, Roi Arthur, laquelle de mes filles voulez-vous épousez ?

    Isolde se redressa et sourit.

    - Guenièvre, Sir, répondis Arthur.

    Immédiatement, Isolde et nos sœurs poussèrent des exclamations, tandis que Léodagan et ses fils ouvraient grand leurs yeux et bouches. Seul Melissande garda le contrôle. Elle se leva :

    - Sir,  je pense que c'est plus à Guenièvre que vous devriez le demander.

    Je me levai à mon tour, tandis qu'Arthur passa de mon coté de la table. Il s’agenouilla à mes pieds :

    - Guenièvre, ma belle princesse, je vous demande en mariage, je veux faire de vous ma reine.

    Je lui souris et lui tendit ma main pour qu'il se relève.

    - C'est oui, répondis-je, des larmes dans la voix.

    Il se releva et me prit dans ses bras. Je répondis immédiatement à son étreinte. 

    - Vivent le Roi Arthur et la Reine Guenièvre ! s'exclamèrent les quatre compagnons d'Arthur.

    Yvain et mes frères reprirent ce cri en chœur. Isolde quitta la table en trombe. Arthur me prit la main, et m'ammena devant Léodagan.

    - Sir, fit-il ,si vous bénissez notre union, vous faîtes de moi le plus heureux de tous les hommes ! s'exclama-t-il.

    Léodagan semblait encore un peu surpris, mais devant mon air heureux, il sourit.

    - Mon roi, si vous rendez Guenièvre heureuse, je n'y voit pas d’inconvénient, dit-il.

    - Je serais avec lui la plus heureuse, promis-je à mon vieil ami.

    Notre mariage fut arrangé dans les prochain jours, et mon départ, juste après. Arthur et moi devions rentré dans son château pour nous marier une seconde fois devant sa famille. Pour la première cérémonie, je m'étais préparée avec Melissande et ses filles. Enfin, sauf Isolde, que nous n'avions pas vu resurgir après mes fiançailles. Si sur le moment, les trois autres filles étaient indignées, elle comprenaient maintenant que je serais heureuse avec Arthur, et que rien n'entraverait notre amour. Les quatre dames m'habillaient en riant et plaisantant. 

    - Cela fait tellement longtemps qu'il n'y a plus eu de mariage, fit Aénor, la plus petite.

    - Il y a bien eu le mariage de Josserand, répondit Ombeline, de trois ans son aînée en parlant de leur frère aîné.

    - Mais j'était trop petite, protesta Aénor. J'avais dix ans, et j'ai passé toute la cérémonie à dormir !

    - J'espère bien que tu ne dormira pas, cette fois, gloussais-je.

    - Arrête de bouger, me gronda Iseult, qui coiffai mes longs cheveux blonds.

    - Je pense que tu est prête, me fit Melissande en éloignant ses filles. 

    Aénor m'apporta un petit miroir, et je me contemplais dedans. J'était plus belle qu'a mon premier mariage, car je portait des bijoux, et une vrai robe blanche, avec des motifs dorés. Mais aussi, Iseult m'avait remonté les cheveux, et ça m'allait plutôt bien. Sur ma tête, une couronne en bois, feuilles et fleurs de cerisier. je voulais rappeler à mon beau seigneur notre premier baisé. Ce fut Léodagan qui vint me chercher. J'eu un pincement au cœur : à mon premier mariage, c'était mon oncle qui m'avait emmené à devant mon futur mari. A mon deuxième, c'était mon vieil ami. Jamais je ne serais mariée par mon vrai père.

    Léodagan me prit par le bras, et Melissande et ses filles partirent s'asseoir.

    - Tu es sûre ? fit-il. Il est encore temps de refuser...

    Je souris et l'embrassai sur le front :

    - Oh, Léo, tu veux vraiment me garder pour toi ? Alors que c'était dans nos plans de marier une de tes filles à Arthur...

    - Au début, tu étais plus mon amie que ma fille. Mais c'est vrai, tu es devenue ma fille. 

    Il se pencha vers moi :

    - Ma préférée, même, souffla-t-il.

    Je ris :

    - Oh, tu mens. Tu adores aussi Aénor.

    Un petit silence plana.

    - Prend soin d'Aénor et d'Yvain quand je ne serais pas là, d'accord ? demandais-je. Quoi qu'Arthur m'a promis qu'il essayerait de faire d'Yvain un de ses chevalier... Je demanderais à ce qu'Aénor devienne une de mes dame de compagnie, ça ne t’embêterais pas ?

    - Yvain et Aénor son mes derniers enfants, ceux qui ont le moins d'avenir ici. Alors, oui, je te permet de leur créer un avenir loin d'ici.

    Il me regarda, ému.

    - Je marie ma première fille... Allons, vient, il  ne faut pas faire attendre ton beau roi.

    Nous nous avançâmes dans le château jusqu'aux jardin. C'était là qu'Arthur et moi allions nous mariez. Quand nous arrivâmes aux portes du jardin, le brouhaha se tut, et tout le monde se leva. Léodagan et moi marchâmes lentement. J'entendais des exclamations venant des gens qui me regardaient. Au premier rang étaient installés la famille de Léodagan et les quatre chevaliers d'Arthur. Bohort me fit un clin d’œil, et je lui sourit. Je ne voyais pas Isolde. Elle devait encore ruminer dans sa chambre. 

    Et Arthur était là. Sublime, habillé d'une tenue blanche aux motifs celtiques, ses épaules étaient recouverte d'une fourrure blanche. il sourit en me voyant. Léodagan me glissa un dernier "Adieu, fille..." avant de donner ma main à mon roi.

    Un druide était là. Il s'avança. A ses mains, un tissu blanc. Il commença à l'enrouler autour de ma main gauche et de la main droite d'Arthur.

    - Par l'eau, la terre, le feu et l'air, commença le druide.

    Il manquait la lumière, l'élément de mon village. Cela me perturba. 

    - Par les esprits des forêts et des rivières, par le grand cerf et la sage chouette, je vous lie par les liens sacré du mariage. Je vous béni et béni cette union. Vous jurez-vous fidélité, amour et loyauté ?

    - Nous le jurons, nous fîmes tous les deux.

    Et Arthur m'embrassa. Nous étions mariés. La salle explosa de joie, et les convives lancèrent dans le ciel des milliers de pétales blanc et rose. Des pétales de cerisier.

    ~ ~ ~

    Éternité marchait lentement aux cotés d’Hélios, l'étalon blanc d'Arthur. Derrière nous, Bohort, Keu, Perceval et Caradoc sur leurs propres chevaux. Et encore derrière eux, toute l'armée d'Arthur. Nous nous dirigions vers le château de mon mari. Camelot. Nous avions quitté le château de Léodagan juste après la cérémonie, le temps que j'embrasse mon père et Melissande. Cela faisait trois jours que nous galopions, en s'arrêtant dans des clairière pour y passer la nuit. Bien qu'il sache que je ne dorme pas, Arthur se sentait gêné de me faire camper en pleine nature. Aussi, ce matin là, il me dit :

    - Ce soir, mon amour, nous serons à Camelot.

    Ainsi, nous galopions. Puis, s'éleva devant nous un immense château. Il était fait de plusieurs tours, ce qui lui donnait un air aérien.

    - Camelot, mon amour, me dit Arthur en arrêtant son cheval.

    Au loin miroitait la mer au soleil. C'était un endroit très calme, très beau. Je l'aimai tout de suite. Puis, je vis trois chevaux se diriger vers nous au triple galop. A leur vue, le sourire d'Arthur s'élargit. Nous attendîmes un moment, puis les silhouettes se précisèrent. En tête, une jeune femme, et derrière, deux chevaliers armés. La jeune femme arriva à notre hauteur, et freina brusquement son cheval pour se jeter dans les bras de mon mari.

    - Arthur ! s'exclama-t-elle. Tu m'a beaucoup manqué...

    Tandis qu'Arthur répondait à son étreinte, mon cœur se sera de jalousie : Arthur était-il du genre à promettre amour et fidélité alors que dès son retour au château, il m'infligeait le spectacle de sa maîtresse toute émoustillée ?

    - Morgane-chérie, toi aussi tu m'a manquée, répondit-il.

    Puis il se tourna vers moi, et du apercevoir mon visage de glace.

    - Guenièvre, je te présente Morgane, ma sœur, se précipita-t-il de préciser.

    Je me détendit immédiatement. Morgane elle, se tourna vers moi, et m'inspecta de haut en bas. Enfin, elle dégagea son cheval de celui d'Arthur, et se dirigea vers moi. Elle me tendit l'avant bras, comme se saluaient Keu, Borhort et Arthur le matin. Je lui prit l'avant bras et le serai avec force, le regard dans ses yeux. Elle parut apprécier mon honnêteté.

    - Morgane était ma reine avant notre mariage, me dit Arthur. Elle s'occupait donc des affaires du royaume en mon absence.

    Ah. Voilà, c'était dit. Morgane devait me voir comme une remplaçante, et ne devait pas être très heureuse de voir que je lui retire son titre.

    - Attendez, fis-je en la voyant détourner son cheval.

    Elle se figea, puis se tourna vers moi.

    - Je suis navrée de vous prendre votre titre, commençais-je. Si vous voulez le garder, cela ne me pose aucun problème, et vous ne me verrez pas approcher de votre trône. Mais avant d'entrer dans le château, je voulais savoir si vous approuver mon mariage avec votre frère. Je serais navrée de savoir que vous êtes contre.

    Là, ses yeux commencèrent à pétiller, et un léger sourire s'afficha sur ses lèvres.

    - Au contraire, fit-elle. Maintenant, je suis ravie que ce soit vous que mon frère-chéri ai choisi. Quand au trône, je vous le laisse sans regret.

    - Merci, Dâme Morgane, répondis-je, soulagée.  

    Son sourire s'élargit encore un peu.

    - Pas de "dame" entre nous, ma reine ! s'exclama-t-elle.

    - Alors vous aussi, appelez-moi Guenièvre, dis-je.

    - Entendu.

    Je sus alors qu'elle et moi allions devenir grandes amies. Au lieux de rejoindre les cotés de son frère, elle resta près de moi. Puis, elle me dit :

    - Bienvenue dans la famille, Guenièvre.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique