• En réalité, les couloirs fourmillaient d'activités silencieuse, comme dans une ruche. Des centaines de silhouettes noires marchaient, vaquaient à leurs occupations, chuchotaient en silence, passaient en courant avec des livres sous le bras... Parfois même à visage découvert. 

    Ce que je vis me fit un pincement au cœur, alors que j'aurais probablement été la plus à même à comprendre. Des enfants souriants couraient un peu partout, sous les regard bienveillants de plusieurs adultes. La plupart souriaient, murmuraient entre eux, gloussaient le moins bruyamment possible. 

    Je vis une petite fille rousse, avec un œil vert et un œil noir, qui portaient difficilement un grand seau plein d'eau. Elle avançait lentement, mais s’emmêla les jambes, tituba... Avant d'être rattrapée par un grand homme aux nez aquilin et au sourire tendre. Il la retint d'un bras, et de l'autre main, lui prit son seau avec un petit clin d’œil. 

    Je vis un jeune homme aux cheveux bruns et à l’œil chocolat embrasser discrètement une belle fille aux cheveux blonds cendré à l’œil clair. Il lui murmura quelques mots au creux de l'oreille, ce qui la fit sourire, et s'en alla. Puis surgit une autre fille, aux cheveux corbeaux, qui entraîna la première fille quelques pas plus loin pour les chuchoter quelque chose d'un air malicieux. Elle furent ramener à leurs devoirs par un petit homme un peu bedonnant.

    Je vis deux femmes portant des paniers pleins de fruits en distribuer aux enfants qui se précipitaient sur leurs chemins en souriant. Et vu la manière dont la femme la plus grande regardait sa compagne, elles devaient être en couple.

    Je vis un des petit enfants peinant en tournant le parchemin dans ses mains, comme si il ne comprenait pas sa signification. Puis, une très vieille femme se pencha sur lui, et lui désigna quelques points en lui murmurant des paroles rassurante. Le garnement lui sourit d'un sourire édenté, avant de filer dans une direction.

    Et toutes ces personnes avaient un œil noir.

    Et toutes ces personnes étaient des Draks.

    Nos ennemis. 

    Peut être que le premier homme que j'avais vu était au siège. Peut être que j'étais allé dans le bar avec une des femmes aux fruits. Durk avait déjà essayer de me montrer cette facette des Draks, mais j'avais repoussé en bloc cette vision.

    Mais là, ce n'était pas de la propagande. C'était réel. Et si moi, qui avait vécu trois jours en complète immersion avec les Draks, ressentais ce choc, que devait-il en être de mes compagnons ?

    Nous continuâmes d'avancer en silence, Peter et Hélène nous guidant. Je vis quelques regards curieux dans notre direction, mais je remarquais qu'il en était de même avec tous les Draks qui portaient des capuches. À ce moment précis, j'aurais bien aimé savoir à quoi ils pensaient tous...

    Puis, nous bifurquâmes vers un couloir moins bonder, et montâmes une série de marches.

    "Nous y sommes bientôt." promit Peter.

    Il y eu un petit silence.

    "C'était super bizarre, non ?" fit la voix chevrotante de Thomas dans ma tête. "Tous ces gens..."

    Oui. Je comprends, pensais-je. Je repensais aux moment que j'avais vécu avec les Draks. Des blagues échangées entre eux. Des sourires que je voyais parfois sur leurs visages. Leurs taquineries au bar. La veste de Durk sur mes épaules. Quand il m'avait attrapé le poignet, et libéré du bracelet. 

    Son dernier sourire face à la cité du Machu-Picchu quand je l’avais laissé partir.

    "Tu as QUOI ?!?!" crisa Thomas.

    Oh non ça n'allait pas recommencer ! Ma tête est censée être un espace privé ! 

    "C'est pas la même, tu à libérer un Draks de nos prisons Isis !"

    Non. Il s'est libéré tout seul. D'abord.

    "Je n'y crois pas..." gémit mon frère. "Quoi ? Comment tu viens de m’appeler ?"

    Mur de brique. Barrage. Pouf.

    J’éjectais violemment Thomas de ma tête. Quelle idiote ! Je l'avais appelé "mon frère" alors qu'il pouvait lire tout ce qui se passait dans ma tête !

    Soudain tout le monde s'arrêta. Ils venaient apparemment de recevoir un message télépathique, que je n'avais pas reçu en bloquant tout le monde. J'ouvris alors prudemment mon esprit.

    "... salle d'as coté. Personne ne la garde, mais cela sera étrange de tous nous voir entré dedans. Irons alors Hélène, Nout, Isis et moi. Les autres, il faudra que vous gardiez le couloir, sans paraître trop suspect. Ça va pour tout le monde ?"

    Oui, pensais-je. Les autres donnèrent aussi leurs accord, et Peter, Hélène, Nout et moi nous détachâmes du groupe. Peter poussa délicatement une porte noire, et nous entrâmes tous les quatre. Nout referma la porte, et nous nous retrouvâmes dans une pièce simple, une nouvelle porte devant nous.

    "Isis, Hélène, écoutez-moi. Si ce n'est que notre groupe de quatre qui entre ici, c'est parce que j'ai vu qu'il faut décliner son identité avant de pouvoir entrer dans la véritable salle des Dragons."

    Ma mère eut un mouvement de recul. 

    Comment allons-nous faire ? pensais-je.

    "Isis, je vais dévoiler à ta mère qui je suis. Je pourrais ainsi déverrouiller la porte, et nous faire entrer ensemble."

    Je compris alors le choix du groupe : Nout et moi qui savions déjà, et Hélène pour ne pas attiré les questions des autres.

    "Et surtout, elle a le droit de savoir. Et elle est asser puissante pour nous cacher en cas de pépin. Hélène."

    Il quitta mon esprit et nous transmit ses pensée à toutes les trois.

    "Ne paniquez pas, Hélène. J'ai vu dans la tête des Draks que seul Onyx ou un de ses lieutenant peuvent ouvrir cette porte... Mais pas seulement. Un enfants d'Onyx peut déverrouiller cette porte sans déclencher d'alarmes."

    Petit silence.

    "Si." répondit doucement Peter. "Hélène... Mes parents ne sont pas Amélia et Olivier. Ils ont été manipulés magiquement pour leur faire croire que je suis leur fils."

    Nouveau petit silence, où la silhouette de ma mère s'était mise à trembler.

    "Parce qu'elles sont déjà au courant. Hélène, je suis le fils d'Obsidienne et d'Onyx."

    Je prit aussitôt la main de ma mère.

    Peter, transmet ! ordonnais-je en pensées. Maman, tu ne dois pas lui en vouloir. on ne choisis pas ses parents, mais on peut choisir de suivre leurs voix ou non. Peter m'a montrer, nous a montrer des centaines de milliers de fois qu'il nous était totalement loyal. J'ai réagi comme une idiote quand il m'a dit la vérité, je voulais le repousser, le tuer, même, parfois. Mais il a sut faire preuve de loyauté, et il nous à mainte fois rendus de grands services. Aujourd'hui, je sais que lui en vouloir, c'était l'une des pires bêtises de ma vie. Et je le regrette, un peu tous les jours. Et je sais que Peter ne nous trahira jamais, parce qu'il sait dans quel camps est Nout. je lui fais confiance.

    Petit blanc. Peter se tourna un peu vers moi.

    "C'est la première fois que tu le dit tout haut."

    Pas tout à fait, je l'ai pensé ! gloussais-je mentalement.

    "Hélène accepte de nous faire confiance, mais on va avoir une longue conversation après." nous rassura Peter. "Go."

    Il se tourna vers la nouvelle porte, retira sa capuche, et posa sa main sur une trace de la porte.

    - Peter de Tintagel, fils d'Onyx et d'Obsidienne de Tintagel.

    Un petit claquement se fit entendre, et la porte s'ouvrit silencieusement.

    "Allons-y."

    Peter remit soigneusement sa capuche, et s’avança. Nous le suivîmes, et pénétrâmes dans la Salle des Dragons. 

    Le spectacle me coupa le souffle. La salle était une grande salle aux murs sombres, dont le plafond était crevé d'un trou, d'où les rayons de lune entraient et éclairaient faiblement la pièce. Sur les mur, à plusieurs endroits, de grands dragons, taillés dans différents pierres précieuses, servaient de décoration.

    Au centre de la salle, sur un petit hôtel, se tenait une sorte de belle boite ouvragée, me faisait penser au tabernacle de l'église de Saminges... Mais en plus grand, plus beau, et en or massif.

    Soudain, quelque chose me vint à l'esprit.

    Peter, si il a fallut ton nom pour entrer dans la salle, à quoi servait le mot de passe "Le poisons est souvent la meilleure des solutions" ?

    Peter se figea, et partagea ma constatation avec ma mère et ma sœur.

    Nous nous regardâmes entre nous. Était-ce un piège ? 

    Soudain, Nout se tourna vers Peter.

    Pendant un temps qui me parut infinis, ils se regardèrent dans les yeux. Puis, Peter se redressa d'un coup.

    "Ok, Nout vient de me présenter une idée. Notre mystérieuse alliée devait savoir que je serais là, et que je vous ferais entrer ici. Et Onyx n'est pas idiot au point de ne protéger un de ses plus grands trésors avec juste un sort d'identification. Nout pense que ce mot de passe servira à ouvrir le tabernacle."

    J'essaye ? demandais-je en pensée.

    Hélène secoua la tête quand Peter lui transmit mon message.

    "Elle préfère le faire elle-même."

    Mais moi aussi. Et, c'est bon, vous avez déjà prit asser de risques pour moi.

    "Elle dit non. Et elle dit..."

    Je coupais court à leurs protestation en m'avançant, et en touchant délicatement la porte du tabernacle.

    - Le poison est souvent la meilleure des solutions, murmurais-je.

    "Isis !" hurla Peter dans ma tête.

    Il ne se passa rien. Puis...

    Clac ! 

    La porte du tabernacle s'ouvrit délicatement. Je l'ouvrit un peu plus, et découvrit à l’intérieur deux fioles, une noire et une blanche.

    "Les gars j'espère que vous êtes prêt à filer, car une alarme s'est déclencher et que beaucoup, beaucoup de Draks se dirige vers nous !" fit soudain la voix paniquée d'Aglaé.

    Sans réfléchir, ma mère prit les deux fioles, et les glissa dans sa cape.

    - On se tire ! cria-t-elle.

    Peter, Nout et elle firent volte face pour repartir à la porte. Je me tournais pour les suivre, mais quand ils passèrent le pas de la porte, celle-ci se referma sur moi. J'étais seule, dans la Salle des Dragons.

    Piégée.


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